Un CRS accepte de témoigner et de raconter son métier, de partager ses réflexions et évoque le ras le bol d’une police de plus en plus critique face aux politiques publiques. Didier (le prénom a été changé, ndlr), CRS depuis plus de vingt ans, a accepté de raconter son métier, de partager avec nous ses réflexions et de témoigner des doutes et du malaise qui monte dans sa profession.

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Chez les CRS, comme chez les autres flics de terrain, le ras le bol se fait de plus en plus pesant. Avec des velléités de révolteces professionnels du maintien de l’ordre assurent des missions extrêmement variées, telles que la garde de bâtiments publics ou religieux, le renfort auprès d’autres services et la sécurisation de quartiers difficiles.

Ils peuvent être déployés à Calais, pour appuyer leurs collègues qui tentent de lutter contre l’émigration illégale ou dans des cités pour tenter de freiner les trafics. Une unité de CRS peut être envoyée n’importe où en France. L’éloignement a parfois pour avantage d’éviter qu’un fonctionnaire croise en bas de chez lui un individu avec qui il aurait eu maille à partir lors d’une opération.

Mais Didier déplore que le « reste de la société » et notamment la justice, ne suivent pas. Alors, « après certains moments particulièrement durs, avec les collègues, on se demande si ça vaut encore le coup. On voit l’évolution de la société et on se pose beaucoup de questions », explique-t-il.

On a reçu un équipement de niveau 2. Ça signifie que les boucliers qu’on nous a donnés ne sont pas efficaces. Des policiers du RAID nous l’ont dit. 10 impacts sur un de nos boucliers, on n’a plus de bras. Or, pendant l’attaque du Bataclan, le gros bouclier en a reçu 27… ! »

« Malheureusement, l’équipement n’a pas suivi. Certes, il a été amélioré, mais pas suffisamment. Alors certains collègues se posent la question de savoir si on aurait vraiment nécessité à y aller, parce que la protection est insuffisante. »

« Les images que nous avons vues, pour un mauvais usage du LBD, montraient, pour beaucoup, des policiers qui avaient été peu ou parfois, pas formés. On a aussi un système de grenades où il ne faut pas faire d’erreur ». tu ne peux pas donner une arme à quelqu’un qui ne sait pas s’en servir et lui dire ‘tu vas aller là et l’utiliser quand même’ ! »

Or, ce cas de figure risque d’autant plus de se multiplier que la formation des nouveaux arrivants semble laisser à désirer.

La formation est devenue catastrophique. Avant, il y avait un an de formation. On faisait un stage par mois en commissariat et on bossait, beaucoup ! Maintenant, ils n’ont plus que 8 mois d’école et ils passent la moitié de ce temps sur des consoles de jeux ou à regarder la télé ! ».

Le CRS estime aussi que les critères de recrutement sont à revoir. On accepte des candidats à un niveau beaucoup trop bas et les motivations des aspirants policiers ne sont pas assez étudiées.

Via:
https://www.francesoir.fr/societe/paroles-de-flics-crs-metier-passionnant-mais-ras-le-bol